Pourquoi cette campagne ?

Au moment de partir à la retraite, les femmes paient le prix fort des inégalités auxquelles elles ont été exposées au cours de leur vie active :

  • elles interrompent plus fréquemment leur vie professionnelle pour s’occuper de leurs enfants ou de personnes en perte d’autonomie ;
  • elles représentent 85% des salarié-e-s à temps partiel ;
  • elles se concentrent dans des métiers féminisés à bas salaires.

 

Or cela fait vingt ans que des gouvernements successifs œuvrent à la réforme d’un régime de retraites jugé trop dispendieux en laissant de côté un aspect fondamental : l’impact différencié de ces politiques selon que l’on soit une femme ou un homme.

L’allongement de la durée de cotisation, le relèvement de l’âge légal, la création de la décote : autant de mesures qui pénalisent particulièrement les femmes.

Désormais, l’écart du montant des pensions entre les femmes et les hommes stagne voire se creuse, alors que l’augmentation du taux d’activité et de qualification des femmes avait, depuis un demi-siècle, commencé à engendrer sa réduction.

Ainsi, pour la génération entrée sur le marché du travail entre 1965 et 1974 :

  • avant 1993, date de la réforme Balladur, les hommes auraient perçu une pension 1,47 fois plus élevée que les femmes ;
  • après 2003, date de la réforme Fillon, le ratio serait de 1,59.
[Source : Bonnet C., Buffeteau S., Godefroy P., « Les effets des réformes de retraites sur les inégalités de genre en France », Population, INED, 2006, n° 61]

 

En 2010, les associations féministes avaient déjà mis sur le devant de la scène les conséquences néfastes pour les femmes de la réforme des retraites envisagée par le gouvernement de François Fillon. Osez le féminisme ! avait notamment lancé un appel de femmes politiques, féministes, syndicalistes et chercheuses refusant un nouveau recul pour les femmes. Rappelons qu’à l’époque, le Parti socialiste s’était mobilisé aux côtés des salarié-e-s contre cette réforme.

 

Nous avons constaté ces dernières semaines que cette question des inégalités femmes-hommes dans le système des retraites était à nouveau complètement invisibilisée.

Pour mener cette réforme, François Hollande et le gouvernement de Jean-Marc Ayrault doivent impérativement tenir compte du fait que :

1/ les conditions de départ à la retraite sont injustes au regard des inégalités femmes-hommes durant la vie active  ;

2/ elles ont des effets désastreux en plongeant un nombre important de femmes dans la précarité :

  • une retraitée sur trois touche une pension totale inférieure à 700€ (contre un retraité sur six) ;
  • deux retraités pauvres sur trois sont des femmes.

C’est dans ce contexte qu’Osez le féminisme ! lance sa campagne « Ne battons pas en retraite, battons-nous pour nos retraites ! ».

Cette campagne a d’abord pour but de sensibiliser à nouveau l’opinion et le gouvernement aux difficultés rencontrées par les femmes retraitées et par celles qui le seront demain.

Plus encore, elle se veut une campagne de mobilisation de l’ensemble de nos concitoyen-ne-s. Elle s’adosse à des revendications précises destinées à lutter contre les inégalités femmes-hommes au moment de la retraite et contre la précarité des retraité-e-s.