La position du parti socialiste et celle de François Hollande sur la réforme des retraites de 2010

Pendant la mobilisation sociale de l’automne 2010 contre la réforme des retraites, des responsables de premier plan du partir socialiste tels Jean-Marc Ayrault (aujourd’hui Premier ministre), Harlem Désir (actuel secrétaire national du parti), Claude Bartolone (aujourd’hui président de l’Assemblée nationale) ou encore Ségolène Royal et Martine Aubry défilaient aux côtés des manifestant-e-s.

En mai 2010, le parti socialiste avait proposé un contre-projet de réforme dans lequel il n’était hors de question de reculer l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans et l’âge pour une retraite à taux plein de 65 à 67 ans. Le PS affirmait sa volonté de maintenir « l’age légal du départ à la retraite à 60 ans, c’est à dire la possibilité de faire valoir ses droits, quel que soit le montant de sa retraite. C’est le seul droit encore attaché à l’âge légal de départ à la retraite et nous le défendrons ».

L’allongement de la durée de cotisation ne devait pas intervenir avant 2020. Le contre-projet préconisait notamment de mettre davantage à contribution les revenus du capital via l’élargissement de l’assiette des cotisations à la valeur ajoutée, le prélèvement de cotisations sur les stocks-options et autres rémunérations non assujetties (bonus, plus-values, etc) et l’alimentation du fonds de réserve des retraites par une taxe sur les bénéfices des banques.

Au Congrès du PS à Dijon en 2003, François Hollande, alors premier secrétaire du parti et aujourd’hui Président de la République, déclarait : « Le projet du gouvernement appelle un refus majeur de la part des socialistes » lesquels ne devaient pas accepter cette « philosophie qui consiste à demander aux salariés de travailler plus longtemps pour gagner moins ». Et d’ajouter : « L’allongement de la durée de cotisations – 40, 41, 42 ans et davantage encore si c’est nécessaire – était la position du Medef, c’est la solution du gouvernement Raffarin ! »

Pour autant, durant la primaire du PS pour désigner le candidat aux élections présidentielles, François Hollande prend clairement ses distances à l’égard du contre-projet du PS de 2010. Son programme présidentiel ne reprend pas les principes énoncés dans le contre-projet. L’engagement n° 18 stipule : « Je ferai en sorte que tous ceux qui ont 60 ans et qui auront cotisé la totalité de leurs annuités retrouvent le droit de partir à la retraite à taux plein à cet âge-là : ce principe sera mis en oeuvre immédiatement. Une négociation globale s’engagera dès l’été 2012 avec les partenaires sociaux afin de définir, dans un cadre financier durablement équilibré, l’âge légal de départ à la retraite, la prise en compte de la pénibilité, le montant des pensions et l’évolution des recettes indispensables à la pérennité de notre système de retraite solidaire. » Autrement dit, seuls ceux qui auront assez cotisé à 60 ans pourront partir à cet âge-là. La détermination de l’âge légal de départ (sous-entendu, celui-ci peut être retardé) et le montant des pensions (qui peut être diminué) seront discutés avec les partenaires sociaux.

Au total, le PS était relativement divisé en interne sur la question des retraites, y compris en 2010, tout en affichant une unité de façade dans son opposition à la réforme. François Hollande a eu l’occasion depuis 2010 d’affirmer la nécessité d’après lui de reculer l’âge de départ à la retraite en lien avec l’allongement de la durée de la vie. C’est aujourd’hui lui qui supervise la réforme des retraites avec la ministre des affaires sociales, Marisol Touraine…